Ci-dessus, des bactéries observées à l'aide d'un microscope optique. Crédits : Doc. RNDr. Josef Reischig, CSc.
Et les microbes venaient soudainement à disparaître ? Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la vie ne cesserait pas immédiatement, ni complètement, d'exister. Mais la Terre deviendrait un véritable enfer, selon une étude menée par deux biologistes.
Qu'adviendrait-il sur terre si les microbes venaient à disparaître ? Telle est la question à laquelle les biologistes Jack Gilbert (Argonne National Laboratory, Etats-Unis) et Josh Neufeld (Université de Waterloo, Canada) ont tenté de répondre dans un article publié cette semaine dans la revue PLOS Biology.
En premier lieu, selon ces chercheurs, la vie continuerait d'exister (difficilement), mais dans des conditions pour le moins infernales : "Il est faux de dire que la vie macroscopique cesserait exister sans les microbes", indiquent les auteurs dans leur étude. Mais "la qualité et la quantité de cette vie serait réduite de façon extrêmement importante".
Tout d'abord, les océans et les sols de la planète entreraient dans une période de stagnation, en raison de la cessation des processus biogéochimiques : sans bactéries pour assurer la fixation du nitrogène, les processus de photosynthèse à l'oeuvre sur la planète cesseraient très rapidement.
Résultat : les bêtes d'élevage comme les vaches et des chèvres ne trouveraient plus à se nourrir, et périraient. Alors que dans le même temps, les déchets accumulés par l'activité humaine ne pourraient plus être dégradés par les microbes, et s'accumuleraient en l'absence d'entité biologique pour la transformer. Avec à la clé, une longue période de famine et de maladies, susceptibles de déclencher des troubles sociaux majeurs.
Au final, selon les auteurs de l'étude, après cette longue période de famine et de maladies surviendrait "la disparition de la plupart des êtres humains et des formes de vie macroscopique". Des petits groupes humains pourraient donc continuer à survivre peut-être pendant quelques siècles. Mais à long terme, leur survie serait probablement compromise.
Les auteurs de l'étude mentionnent également que la disparition des microbes aurait aussi une conséquence sur la quantité d'oxygène présentes dans l'air. En effet, l'activité bactérienne est responsable de façon importante de la production d'oxygène. Sans microbes, de l'oxygène continuerait d'être produit pendant un certain temps par les algues et les plantes ayant réussi à survivre. Mais la quantité de cet oxygène serait deux fois moindres que celle actuellement disponible sur terre.
Ces travaux ont été publiés le 16 décembre 2014 dans la revue Plos Biology, sous le titre " Life in a World without Microbes " .